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Cultures of Spectacle in German-occupied Belgium.

Parallels and Differences between the First and the Second World War.

Revue théâtre des Galeries à Bruxelles, 1943, Collection Spronk : photo d'Otto Kropf, photographe officiel de la propagande allemande, photo n°100034 © CegeSoma/Archives de l'Etat.

La veille du début du confinement, un workshop (fermé) s’est tenu les 12 et 13 mars dans les locaux du CegeSoma. Organisé par l’Institute for Media Studies de la KULeuven, à l’initiative de Roel Vande Winkel et de Leen Engelen, en partenariat avec le CegeSoma/Archives de l’Etat, il portait sur le thème des cultures du spectacle dans la Belgique occupée tant durant la Première que la Seconde Guerre mondiale. Une dizaine de contributions ont été présentées; coronavirus oblige, quelques participants n’ont pu être présents. Il n’en demeure pas moins que ces deux journées ont été riches en découvertes et en discussions.

Parmi les thématiques évoquées figuraient à la fois la politique et les objectifs de l’occupant mais aussi les comportements des populations occupées. En 1914-1918, mettre en œuvre une politique culturelle peut apparaître, pour l’occupant, comme une stratégie visant à faire oublier le contexte du début de l’invasion et les massacres de civils. En 1940-1944, la dimension idéologique est sans doute plus marquée et va se traduire par une arrivée importante d’œuvres et de productions allemandes, certaines pouvant clairement être étiquetées comme « nazies » alors que d’autres s’inscrivent plutôt dans le patrimoine germanique au sens large. En la matière, l’occupant tient aussi compte de certaines spécificités avec des politiques culturelles différentiées selon qu’elles s’adressent aux populations francophones ou au Nord du pays.

Les guerres apparaissent à la fois comme des moments de restrictions mais aussi de besoins sur le plan culturel. Quelles sont les politiques culturelles en la matière, quelles formes de spectacle ? Mais aussi comment appréhender l’attitude des publics ? Pendant la Première Guerre mondiale, par exemple, certains se rendent au spectacle pour se distraire ; d’autres pour se chauffer. Durant les deux conflits, le monde du spectacle est confronté à des phénomènes de censure auxquels s’ajoute, en 1940-1944, l’exclusion de tous les artistes juifs. Mais pour d’autres artistes, les guerres apparaissent comme des opportunités : certaines concurrences ont disparu, le besoin de spectacles se fait plus fortement ressentir. Mais l’analyse se doit d’être affinée. Il y a clairement des évolutions : si durant le premier conflit mondial, il y a comme une forme de « réserve patriotique » qui fait que certains ne vont pas au spectacle, à partir de 1916, cette grille de lecture morale – on pourrait également la qualifier de « démobilisation culturelle » pour reprendre le concept de John Horne - semble s’estomper. A l’inverse, pendant la Seconde Guerre mondiale, les deux premières années d’occupation semblent plus marquées par une forme d’accommodation – y compris sur le plan culturel – que ce ne sera le cas ultérieurement.

Aborder ces « cultures du spectacle », c’est également s’intéresser aux infrastructures qui les abritent. La Belgique comptait alors des centaines de salles de cinéma : là aussi, toutes n’avaient pas le même public, ni le même genre de programmation. Et puis, les cultures du spectacle se déclinent aussi en formes d’expression très diverses. Toutes n’ont pu être abordées au cours de ces deux journées. Pour certaines, les sources sont lacunaires. Mais il n’empêche que bien des perspectives pourraient encore être dégagées si l’on s’intéressait à des cultures plus populaires, celles qui ont pu effrayer les classes dominantes. D’autres chantiers, notamment visuels, restent encore trop peu exploités, comme l’a notamment constaté dans ses conclusions Sophie De Schaepdrijver. Il en va de même des stratégies de carrière ou encore de l’impact des guerres à la fois sur les milieux et les infrastructures de spectacle mais aussi sur les politiques culturelles inscrites dans la longue durée. Bref, un chantier ouvert et très prometteur dont on espère voir rapidement paraître les premiers résultats.

D’ores et déjà, un site Internet (https://www.cinema-in-occupied-belgium.be/) – qui sera lancé sous peu – ouvrira bien des perspectives. Il permettra à la fois de localiser l’ensemble des cinémas en Belgique durant la Seconde Guerre mondiale mais aussi de savoir quels films y étaient proposés. Un dossier à suivre !