Le projet POSTWAREX (BRAIN) vient de démarrer (2020-2022)
Il y a quelques semaines débutait le nouveau projet de recherche POSTWAREX. Ce projet de deux ans, qui associe le CegeSoma et l'Ecole royale militaire (Prof. S. Horvat et Dr. Dimitri Roden), est coordonné par Dirk Luyten ( CegeSoma). Il consiste en une étude approfondie, basée sur les archives de la justice militaire, de la signification de la peine de mort en tant que sanction pour fait de collaboration. Pour ce projet, le CegeSoma a recruté une nouvelle collaboratrice scientifique, Elise Rezsöhazy, tout récemment promue docteure en histoire de l'UCL.
Ce projet, financé dans le cadre du programme BRAIN 2.0. (Belgian Research Action through Interdisciplinary Networks) de la politique scientifique fédérale (Belspo) a pour objectif d’analyser l’utilisation de la peine de mort par la justice militaire dans le cadre de la répression de la collaboration après la Seconde Guerre mondiale. Cette répression a été l'une des plus grandes actions judiciaires de l'histoire de la Belgique. Elle a encore un impact sur la société belge d'aujourd'hui.
Cette politique de répression s’est traduite, par l’exécution de 242 personnes condamnées à mort entre 1944 et 1950. Il s’agit de la plus grande opération d'exécutions dans l'histoire judiciaire de la Belgique. Ces 242 exécutions constituent une exception dans l'histoire de la justice belge, d'autant que plus aucune exécution n'a eu lieu après cette date.
Une recherche fondée sur les archives
Ces exécutions ont donné lieu à d’intenses débats de société. Seuls certains aspects de ‘ce groupe des 242’ ont été étudiés sur base des sources disponibles. Le transfert des archives de la justice militaire aux Archives de l'État permet d’effectuer des recherches approfondies sur l’ensemble du corpus et de traiter de nouveaux aspects, en associant les différents types de sources produites par la justice militaire.
Il offre aussi l’opportunité de jeter un nouvel éclairage sur le groupe lui-même, en contextualisant le profil des personnes exécutées par rapport à l’ensemble du groupe des condamnés à mort et en analysant toutes les phases des processus décisionnels du système de la justice militaire, du début de l’enquête pénale jusqu’à l’exécution elle-même.
Ce projet s'appuie sur de nouvelles recherches sur la peine de mort et les exécutions par la justice militaire pendant la Première Guerre mondiale, épisode suivi d’une longue période de non-application de la peine capitale.
Sur base des résultats de ces recherches, le site Belgium World War II servira de support pour présenter au grand public, à l'aide de sources sélectionnées, les modalités de prises de décisions. Y seront intégrés tous les éléments contextuels, l’objectif étant de permettre un large débat sociétal.
Le projet contribuera en outre à une meilleure compréhension de l'organisation des archives de la justice militaire et permettra d’avoir une vue d'ensemble de toutes les composantes archivistiques relatives à ce groupe, qui pourra servir de projet pilote pour d'autres groupes.