Home » News » Le projet Conciliare a un an !

Le projet Conciliare a un an !

Yasmina Zian et Alana Castro de Azevedo, MRAC Tervuren (copyrights Conciliare)

Pour rappel, en mars 2024 débutait le projet européen Conciliare (Confidently Changing Colonial Heritage) portant sur l’héritage du passé colonial. Il associe six pays (Belgique, Pays-Bas, Portugal, Italie, Finlande et Croatie) et des chercheurs issus de différentes disciplines (psychologues sociaux, anthropologues, sociologues, politologues et historiens) ainsi que des associations telles l’ICOM Belgique-Wallonie/Bruxelles et Afropean Project. Un an après le meeting de lancement du projet, voici venu son site web – The project – CONCILIARE – qui permettra à tout un chacun de suivre l’évolution des différents groupes, notamment par le biais d’une newsletter.

Ces 19 et 20 mars 2025, l’ensemble des partenaires se sont réunis à Zagreb pour échanger sur l’état d’avancement des recherches et les défis à relever dans les mois à venir.

Des dimensions comparatives

L’originalité du projet réside dans sa dimension comparative. Chaque WorkpackageWP -(« Manuels scolaires », « Espace public », « Musées », « Culture & Traditions ») associe différents pays, dont la majorité avec un passé colonial et d’autres sans. Dans le groupe travaillant sur l’espace public, ce sont trois anciennes puissances coloniales qui sont analysées : la Belgique, le Portugal et l’Italie. Bien évidemment, si ce passé colonial est spécifique à chaque cas, il est intéressant de s’attarder aussi sur les convergences. Dans les trois pays, on est confronté à un passé colonial essentiellement représenté par des personnalités masculines blanches, alors que les populations colonisées sont largement absentes ou alors représentées dans des logiques de domination ou de reconnaissance à l’égard de la puissance coloniale. Dans les trois pays, ces représentations font aujourd’hui l’objet de contestations et de débats. Là aussi, le projet permettra de comparer les formes et les modalités des contestations à travers des pratiques de recherches croisées des différentes disciplines associées. L’objectif ultime est de contribuer à une approche plus apaisée de cet héritage pour mieux appréhender ce passé désormais controversé.

L’espace public et la Belgique

C’est le CegeSoma/Archives de l’Etat qui coordonne le Workpackage 2 (WP) qui est consacré à la question des espaces publics. En ce qui concerne la Belgique, l’équipe a travaillé sur l’identification des traces coloniales dans trois villes : Bruxelles, Anvers et Mons. Il a en effet été décidé d’étudier, dans les trois pays concernés, les capitales en tant que lieu de pouvoir, ainsi que deux autres villes significatives. Si le cas d’Anvers s’est imposé comme une évidence, celui de Mons peut paraître plus surprenant. En choisissant cette ville, nous voulions étudier la question de savoir si les contestations sont du même ordre là où les traces du passé colonial sont moins présentes et où les groupes actifs ont un profil quelque peu différent. Dans les trois villes, la priorité de l’équipe a été d’identifier les traces coloniales, qu’elles fassent ou non l’objet de contestations.

À ce stade, un peu moins de 250 traces ont été recensées dans les trois villes. S’il s’agit, pour l’essentiel de nom de rues, les statues, bustes et monuments sont bien évidemment également intégrés dans l’étude. Ce sont d’ailleurs ces objets commémoratifs qui concentrent une grande partie des actions de contestations. Mais notre premier objectif était bel et bien de documenter ces traces. Pour ce faire, quantité de fonds d’archives ont été exploités. À ce stade, pour chacune des traces, des informations générales ont été collectées.

L’ensemble des données portant sur les trois pays concernés seront reprises à terme sur un nouveau site. Cette première phase – le mapping – sera complétée par des recherches approfondies sur un certain nombre de traces controversées. Bien évidemment, la personnalité de Léopold II est incontournable et a déjà fait l’objet de nombreuses recherches. Mais notre objectif premier est de comparer les logiques de contestation au sein des villes concernées : quelle chronologie, quelles formes d’action, quels groupes, quels acteurs, quels relais dans la presse, quelles réactions publiques à ces actions… Telles sont quelques-unes des pistes d’analyse qui seront suivies dans les mois à venir.