Enfants basques à la gare du Midi, photo n°55891, Droits réservés CegeSoma/Archives de l'Etat

La Guerre d'Espagne dans la bibliothèque du CegeSoma

'La Guerre d'Espagne' dans la Bibliothèque du CegeSoma. Sous ce titre, nous vous invitons à découvrir le huitième thème de notre série ‘les rendez-vous du bibliothécaire’. Chaque thème repris sera l’occasion de vous plonger dans nos collections et sera illustré par une vidéo et un texte complétant les informations s’y trouvant.

Visionnez la huitième vidéo ‘Les rendez-vous du bibliothécaire : 8. 'La Guerre d'Espagne dans la Bibliothèque du CegeSoma'.

Au cours du « premier XXème siècle », la guerre civile espagnole (1936-1939) est sans doute le conflit qui, hormis évidemment la Seconde Guerre mondiale, aura retenu le plus l’attention des médias tant ses implications, réelles ou imaginées, semblaient en ce temps-là fondamentales pour le sort de l’humanité. En effet, quantité de beaux esprits…et pas mal de citoyens-lambda y virent la confrontation directe du fascisme et du communisme, de la civilisation et de la barbarie, du Progrès et de la Réaction, de la foi chrétienne et de l’athéisme marxiste. De l’ombre et de la lumière, pour tout dire. Et comme souvent en pareils cas, le feu des passions cachait les froides considérations géopolitiques ou politico-stratégiques, tant à l’intérieur des démocraties qu’au sein des puissances « totalitaires » antagonistes…

Par sa nature et sa mission, notre institution ne pouvait que se pencher sur cette phase tragique du XXème siècle ibérique, et, en vérité, elle l’a fait très largement : le « menu » de notre bibliothèque, dans sa rubrique « Mots du titre », ne comporte pas moins de 314 entrées au seul mot « Espagne ». On le devine :  même si tout ne concerne pas uniquement le  conflit hispano-espagnol des années 1936-1939, il n’est pas exagéré de dire,  en examinant plus finement l’éventail des publications disponibles sur cette thématique, que le CegeSoma possède plus de 650 titres la concernant de près ou de loin, depuis ses origines les plus lointaines jusqu’à ses retombées les plus immédiates. Encore ne s’agit-il pas d’ouvrages de même nature ou de même qualité.

Un peu, beaucoup de tout, mais…

Disons-le d’emblée : l’essentiel de ces productions livresques est rédigé beaucoup plus dans la langue de Voltaire ou de Shakespeare que dans celle de Vondel (quelques dizaines de titres, cependant, en néerlandais…). Et les écrits en espagnol ou en italien sont plutôt rares. Mais sur le plan de l’apport historiographique, il existe une assez grande richesse tant dans l’approche que dans la mise en relief conceptuelle.

Les ouvrages engagés, tels ceux d’un Paul Nothomb (Belges dans les tranchées d’Espagne -1937) ou d’un Charles Terlinden (L’Espagne martyre -1939), très liés aux prises de position de l’époque font bon ménage avec des production plus tardives, d’apparences plus nuancées, mais pas moins partisanes comme, par exemple, les « Mémoires » de Ramón Serrano Suñer (Espagne 1931-1945), le beau-frère (et ex-ministre de l’Intérieur) du Caudillo Franco.
L’historiographie « pure » se ressent elle-même des antagonismes pointus du passé, et elle a peiné souvent, pendant longtemps, à celer les sympathies pour les uns ou pour les autres, étant entendu que, pendant longtemps, l’Espagne franquiste, par son côté dictatorial et son appartenance indiscutable au camp des fascismes vaincus, a eu fort mauvaise presse dans le petit monde des disciples de Clio. Il suffit ainsi de parcourir deux « classiques » du genre, The Spanish Civil War (1961) de Hugh Thomas ou même The Battle for Spain (2006) d’Antony Beevor pour percevoir « pour qui sonne le glas », nonobstant l’écoulement des années.
Et il en va de même pour les incontournables recherches d’un Stanley  G. Payne, même si l’on constate des inflexions entre son Phalange : Histoire du fascisme espagnol (1965) et une de ses contributions plus tardives consacrées à La guerre d’Espagne : l’histoire face à la confusion mémorielle (2010), qui tient un peu d’ouvrage-bilan… Encore s’agit-il là de vastes synthèses, même lorsqu’elles sont articulées autour d’une seule problématique.
Si la littérature partisane survit peu ou prou jusqu’à notre époque (et l’on songe par exemple à l’ Histoire du POUM : le marxisme en Espagne (1919-1939) de Victor Alba), le temps a globalement fait son œuvre même à ce niveau, et a arrondit bien des angles…aigus. On pourra ainsi saluer les approches nuancées menées dès 1998 sous le patronage d’un Serge Wolikow et d’une Annie Blaton aux Editions Universitaires de Dijon (Antifascisme et nation. Les gauches européennes au temps du Front populaire) ou épingler l’étude menée sur le long terme et relative à La montée du militarisme en Espagne : d’une dictature à l’autre (1923-1939) publiée chez L’Harmattan en 2004.
De même, il conviendrait d’attirer l’attention du lecteur intéressé par l’iconographie sur La guerre d’Espagne : un déluge de feu et d’images (édité en 2003 à la B.D.I.C.), voire à pointer pour les férus d’histoire comparative l’ouvrage de Grégory Tuban attaché aux Camps d’étrangers : le contrôle des réfugiés venus d’Espagne (1939-1944) (2018) ou, pour les amoureux des « représentations collectives » et autres histoires mémorielles la belle réalisation de Stéphane Michonneau, Belchite : Ruines-fantômes de la guerre d’Espagne (2020).

Mais il conviendrait surtout, pour ce qui est de l’espace politique belge, de braquer le feu des projecteurs sur le numéro spécial que la Revue belge d’Histoire contemporaine a consacré en 1987, l'ensemble de ses numéros, à cette guerre civile espagnole : les meilleurs contemporanéistes du pays y sont allés de leur contribution sur la thématique qui relevait le plus de leur champ d’expertise spécifique…

Résumons-nous : cette historiographie est infinie (ou à peu près). Et l’espace pour la présenter dans cette rubrique est strictement mesuré. Le bibliothécaire ne peut donc que tirer ici sa révérence…tout en incitant le lecteur curieux à venir nous rendre une petite visite !