La Wallonie dans la Grande Guerre 1914 - 1918.
La « Grande Guerre » , un regard autre.
Articulé autour d’un ensemble important de photographies souvent inédites des cités wallonnes en ’14-’18, cet ouvrage s’inscrit en fait dans la série « Villes en guerre » née voici plusieurs années de la collaboration du CegeSoma et de « La Renaissance du Livre ». La profonde originalité de cette étude, c’est qu’elle n’est plus appréhendée à partir de Bruxelles mais qu’elle entend désormais saisir la vie intime du « citoyen-lambda » de Wallonie confronté aux aléas du conflit, tant au cœur des combats que dans l’infinie grisaille de l’occupation. On se trouvera donc bien moins dans les péripéties de l’histoire-bataille (même si celle-ci n’est pas tout-à-fait absente) que dans un essai d’approche nuancée d’une société civile subitement plongée dans un conflit guerrier d’envergure, alors qu’elle n’y était pas du tout préparée.
Une histoire « au ras du sol » ?
Cette histoire qui se veut détachée du contexte belgo-bruxellois (mais qui se garde bien de le nier dans ses inévitables incidences sur le plan local ou régional) s’entend aussi comme une approche « au ras du sol », associant les obscurs et les sans-grade au petit monde des notabilités provinciales ou locales : les uns et les autres n’ont-ils pas dû, chacun à leur façon, s’accommoder de la présence allemande et donc « vivre avec l’ennemi » ? Etant entendu que tout le monde n’avait pas les mêmes cartes en main, et que si les uns ne supportaient pas trop mal, économiquement parlant, le poids des administrations occupantes, les autres s’appliquaient à survivre au milieu des pires difficultés, dans un univers matériel et moral dégradé. Le recours à un ensemble représentatif de photographies d’époque, mises en perspective et commentées de manière critique, accompagne la narration historienne et permet, dans une certaine mesure, de la compléter en lui restituant une part encore plus importante de son épaisseur humaine. Est-il nécessaire de préciser que ce genre d’exercice comporte des limites, liées à la nature et à l’origine des documents iconographiques en question ? Certains, en effet, relèvent de la propagande pure, et leur existence, leur usage est tout sauf innocent. D’où la nécessité de les resituer, de les mettre en perspective-ce qui n’est pas toujours chose aisée.
Une histoire globale, vraiment ?
En braquant le feu des projecteurs sur les grandes villes de Wallonie (Liège, Charleroi, Namur, Mons…), les agglomérations industrielles (Borinage, Centre, Pays Noir, Mouscron,…) et les plus petites entités urbaines encore mal dégagées des gangues du 19ème siècle (Arlon, Wavre, Soignies,…) , cette contribution se présente superficiellement comme une approche exhaustive des populations wallonnes plongées dans les aléas de la « Grande Guerre ». Mais il faut ici souligner un élément important : vu le cadre strictement délimité imposé par le projet « Villes en guerre », le monde des campagnes, dont on connaît le rôle nourricier capital dans les périodes de pénuries alimentaires généralisées, brille par son absence dans ce travail original à plus d’un titre. Peut-être n’est-ce que partie remise…
Une perspective autre de la « Grande Guerre » : celle du citoyen-lambda de Wallonie