Photo Raphaël Algoet, Buchenwald avril 1945 © CegeSoma/Archives de l’Etat

Il y a 75 ans - La libération du camp de Buchenwald

Le 11 avril 1945, le camp de concentration de Buchenwald est libéré par le « Comité international », une structure clandestine composé de détenus – des militants antifascistes - de diverses nationalités. Vers 17 h arrivent sur place les premiers officiers de liaison américains. La petite centaine de SS encore présents ont déjà été mis hors d’état de nuire. Dans les jours qui ont précédé, des structures clandestines particulièrement organisées ont préparé ce moment. Pourtant, la tension est montée. Des détenus ont désobéi aux injonctions des SS mais l’évacuation a néanmoins été ordonnée. Restent sur place environ 21.000 prisonniers dont plus de 600 Belges. La nouvelle de cette libération n’est évoquée par la presse belge qu’une semaine plus tard ; les premiers articles sont publiés dans les quotidiens à partir du 18 avril 1945.

250.000 personnes ont été détenues à Buchenwald, un camp ouvert dès juillet 1937 à proximité de Weimar. Plus d’un cinquième a perdu la vie. Les Belges sont majoritairement arrivés en 1943-1944 ; quelques-uns dès 1940. Les premiers à y échouer sont soit des travailleurs volontaires en rupture de contrat, soit des requis au travail obligatoire. Il s’agit alors de détentions décidées en guise de sanctions ; certains de ces détenus seront libérés. C’est par la suite qu’arrivent l’essentiel des détenus dits « politiques », majoritairement des communistes et des socialistes. Plus de 3.000 Belges sont déportés à Buchenwald entre mai et août 1944. Au total, ils seront 5.745. Aux personnes déjà détenues dans le camp s’ajoutent, entre janvier et mars 1945, des milliers d’autres évacuées d’autres camps dont Auschwitz-Birkenau ou Gross-Rosen.

Une fois le camp libéré, les premiers Belges arrivés sur place, le 17 avril, sont des correspondants de guerre, notamment le journaliste Paul Lévy – un ancien détenu de Breendonk – et le photographe et cinéaste Raphaël Algoet. La Belgique souhaite envoyer au plus vite sur place une mission du Commissariat belge au Rapatriement. Cette instance a été créée à Londres en juin 1944 et sa direction confiée à l’ancien Premier ministre Paul Van Zeeland. Mais priorités humanitaires et priorités militaires ne font pas toujours bon ménage. Les rapatriements en masse ne se feront finalement que fin avril.

En attendant leur rapatriement, les détenus belges s’organisent et créent, dès le 17 avril, ce qui deviendra l’Amicale des Prisonniers politiques belges de Buchenwald. La première assemblée générale se tient à Bruxelles le 19 août 1945. Henri Glineur, député communiste, en devient le premier président.

Contrairement au silence de la presse dans les semaines qui ont suivi la libération d’Auschwitz, les journaux belges publient rapidement de nombreux témoignages et articles sur le camp de Buchenwald à tel point que pendant des décennies, le camp symbolisera presque à lui seul l’horreur du système concentrationnaire nazi.

En savoir plus sur les Belges détenus à Buchenwald ? Le CegeSoma conserve des archives relatives aux prisonniers politiques belges détenus à Buchenwald, de très nombreuses interviews d’anciens ainsi que des archives de l’Amicale de Buchenwald, des témoignages publiés ainsi que de la littérature scientifique sur ce camp et l’univers concentrationnaire en général. Les photographies prises par Raphaël Algoet sont consultables en ligne. Les archives de Paul Lévy sont également conservées au CegeSoma.

Chantal Kesteloot