Journée d’étude '50e anniversaire du CegeSoma et 75e anniversaire de la Libération' (2019)
'L’héritage de la Seconde Guerre mondiale en Belgique. Un avenir pour l’histoire ? '
Le 10 décembre 2019, 200 personnes ont assisté au Sénat à la journée d'étude à l'occasion du 50e anniversaire du Centre d'Etude Guerre et Société (CegeSoma).
Stijn Bex (vice-président du Sénat), Luc Mabille (directeur de la Cellule stratégique du Vice-Premier ministre et ministre de la Politique scientifique) et Laurence van Ypersele (UCL, présidente du comité scientifique du CegeSoma) ont souhaité la bienvenue aux participants. Nico Wouters (responsable du CegeSoma) a dressé un panorama en cinq points sur 75 ans d'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Il a également présenté le 'numéro anniversaire' thématique de la Revue belge d’Histoire contemporaine. Sa contribution a été suivie de deux éclairages internationaux, l’un en provenance des Pays-Bas et l’autre de France : Ismee Tames (NIOD-Amsterdam) a évoqué la relation triangulaire complexe entre la recherche, le public et les médias et Cécile Vast (Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon ) a parlé de l'importance des archives issues de la recherche.
Un débat animé
L'après-midi a été consacrée au débat. Dirk Luyten a animé le débat d'experts consacré aux relations entre la recherche et les sources. Bruno De Wever (UGent) a souligné que bon nombre des priorités thématiques actuelles avaient déjà été épinglées lors du 40e anniversaire de l'institution et qu'il y a donc de nombreux défis " classiques ". Pierre-Alain Tallier (Archives de l'Etat) a souligné l'importance et la richesse des archives encore en attente, mais a également insisté sur le défi que constitue l’ouverture de ces archives au public. Il a également mentionné à plusieurs reprises l’urgence de la déclassification générale de certaines archives de la Sûreté conservées aux Archives de l'Etat. Pieter Lagrou (ULB) a défendu, entre autres, l'histoire comparée et l'intégration de l'histoire des Première et Seconde Guerres mondiales. Il a également souligné les risques de décontextualisation des archives dans les grands projets de numérisation. La difficulté de fixer un agenda sur le long terme est également apparue : la recherche fondamentale reste généralement tributaire du financement de projets à court terme. Sophie De Schaepdrijver (Penn State University) a souligné l'importance de l'histoire transnationale, à combiner avec une attention pour les dynamiques locales. Elle a également attiré l’attention sur l'application de certains contextes historiques propres aux deux guerres mondiales.
La deuxième table ronde, animée par Chantal Kesteloot, portait sur l'histoire publique. Interrogé quant à sa vision actuelle des commémorations, José Gotovitch (ancien directeur du CegeSoma) s’en est notamment référé au texte « Quand l’Etat se mêle d’histoire », édité en 2006. Il y était déjà question du danger des commémorations qui pourraient remplacer l'histoire. Franky Bostyn (War Heritage Institute) s’est positionné en prenant la défense des activités commémoratives historiques ainsi que des expositions. Koen Aerts (UGent) et Anne Roekens (UNamur) ont rappelé l'importance de l'histoire publique adaptée à un large public. Koen Aerts s’est d’ailleurs exprimé en partant de son expérience d’encadrement des séries 'Kinderen van de collaboratie' et 'Kinderen van het verzet'. Anne Roekens s’est, quant à elle, notamment exprimée sur base de son expérience d’adaptation du rapport « La Belgique docile »' (sur la persécution des Juifs en Belgique) à des fins éducatives.
Le débat en séance plénière avec les nombreux participants s’est avéré beaucoup trop court mais a montré la diversité des questions et les liens toujours très forts de bon nombre de personnes avec ce passé. De nombreuses lacunes dans la recherche ont été évoquées, mais aussi les tensions entre la mémoire (et devoir de mémoire) et l’histoire. Karel Velle (directeur général des Archives de l’Etat) a ensuite formulé les conclusions de la journée. Il a souligné le caractère unique que constitue l’existence d’un centre de recherche comme le CegeSoma au sein d’une institution nationale telles les Archives de l’Etat en Belgique. Cette situation offre de nombreuses perspectives en termes d'avenir.
Et maintenant … ?
Le dernier mot n’a pas encore été dit. Les temps de débats étaient trop courts. Dans les semaines et mois à venir, nous nous repencherons sur les résultats de cette journée d’étude : via la publication de certaines présentations, via un reportage photo, via des réflexions sur le blog de www.belgiumwwii.be, via de nouvelles activités. Vous pouvez déjà actuellement retrouver le numéro anniversaire thématique de la RBHC (n ° 2-3 de 2019). Il reprend seize textes de 21 auteurs à propos de 75 ans d'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique.