Dernières nouvelles de la 'Guerre froide'… (Bibliothèque - octobre 2022)
Comme on a déjà eu l’occasion de le signaler naguère dans ces pages, le CegeSoma a eu l’occasion d’intégrer dans ses collections un certain nombre d’ouvrages s’attachant aux divers aspects de la Guerre froide à partir du moment où il a vu sa « Mission Statement » étendue officiellement (c’était en 1996) et embrasser désormais le « court XXème siècle » (grosso-modo, les années 1914-1991). Beaucoup d’eau a coulé depuis sous les ponts et si cette mission a été confirmée lors de l’intégration du Centre au sein des Archives de l’Etat en 2016, les récentes compressions budgétaires nous ont amené, après concertation collégiale, à cibler notre attention sur des champs d’investigation spécifiques. A partir de cette années, nous privilégierons plutôt dans les acquisitions les thématiques s’intéressant à la question de la décolonisation dans le cadre belge, mais sans exclusive envers des études considérées comme étant particulièrement remarquables sur le plan de nos voisins européens (Pays-Bas, France,…). En outre, nous centrerons désormais notre attention sur la Belgique dans ses relations avec l’Union européenne et les institutions qui l’ont précédées (Benelux, CECA, CEE, CE,…) mais aussi sur les différents groupes de pression et les « influenceurs » marquants de cette « Guerre froide », qu’il s’agissent des mouvements pacifistes ou des mouvements de jeunesse, des organisations d’anciens résistants ou d’anciens combattants oeuvrant pour la paix et la « détente », des officines ouvertement anticommunistes ou réunissant des réfugiés fuyant le « Bloc de l’est », etc, etc…
Mais avant d’opérer cette approche sélective bien spécifique et nonobstant la…sobriété budgétaire du moment, le Centre, on s’en souvient, a eu la chance d’annexer à ses collections un important ensemble de titres venant de la Bibliothèque de Documentation contemporaine de Sint-Niklaas, titres qui abordaient très largement cette thématique, même s’ils étaient chronologiquement connotés (l’essentiel des productions livresques relevait de la période 1970-1990). De plus, il a continué à intégrer ces derniers mois une série de titres susceptible d’intéresser aussi bien les chercheurs patentés que le grand public curieux.
Dans cet ensemble, épinglons l’excellent dictionnaire La Guerre d’Indochine (Sous la direction d’Ivan CADEAU, François COCHET et Remy PORTE) publié à Paris en 2021 à la suite d’une coopération entre la Librairie Académique Perrin et le Musée des Armées mais aussi le très bien documenté Cold War Mary. Ideologies-Politics-Marian Devotional Culture concocté par Peter Jan MAGRY et produit à Leuven, à la Leuven University Press en 2020. On retiendra également le plus classique Transforming Occupation in the Western Zones of Germany. Politics, Everyday Life and Social Interactions, 1945-1955 édité par Camilo ERLICHMAN et Christopher KNOWLES en 2018 à la Manchester University Press. L’immédiat après-guerre et les retombées de l’occupation et de l’épuration n’ont pas été oubliées avec le livre de Jan SCHULTEN, In de schaduw van de Tweede Werledoorlog. De zuivering van de Nederlandse Krijgsmacht (Zutphen, 2022), que l’on peut considérer comme un « incontournable » en ce domaine pour les Pays-Bas. Et les personnes intéressées par l’Italie trouveront assurément chaussure à leur pied avec Communism and anti-communism in early Cold War Italy. Language, symbols and myths (Manchester, 2018), du moins si elles sont férues de sémiologie politique. La Belgique n’a pas été oubliée, avec le gros travail d’Estelle HOORICKX, La Belgique, l’OTAN et la Guerre froide (Bruxelles, Racine, 2022) mais il faut toutefois faire remarquer que le titre est un peu trompeur : son travail se fonde pour une large part sur le témoignage d’André de Staercke, un homme introduit dans bien des milieux, en ce temps-là…
Enfin, les sujets férus de diplomatie et d’histoire militaire pourront se référer avec profit au Rethinking the Korean War. A New Diplomatic and Strategic History de William STUECK, édité en 2004 à Princeton et Oxford. Il, “date” un peu, mais il est toujours fort valable.
Et nous terminerons cet éventail assez éclectique avec La Guerre froide et l’internationalisation des sciences. Acteurs, réseaux et institutions (Sous la direction de Corine DEFRANCE et Anne KWASH ), Paris, 2016 : ce titre montre bien que le concept « Guerre froide » était multiforme et s’étendait parfois en catimini à des matières et à des enjeux insoupçonnés. Bref : malgré l’époque un peu…particulière que nous connaissons, les rentrées restent bonnes, et la thématique est toujours porteuse, qu’il s’agisse de la bibliographie récente ou de l’antiquariat !