L'impact de la Première Guerre mondiale en contexte colonial
Avec la fin des commémorations de la Première Guerre mondiale, un constat s'impose : les colonies d'Outre-Mer, qui ont joué un rôle non négligeable dans le conflit, sont pourtant restées le parent pauvre des nombreuses initiatives prises durant ces quatre dernières années.
A l'occasion de sa deuxième Rencontre d'Histoire publique, le CegeSoma a souhaité donner la parole à deux historiennes africanistes (Anne Cornet et Enika Ngongo ) pour remettre en perspective les différents enjeux de l'époque et leurs conséquences sur les populations locales. Le débat était mené par Dantès Singiza.
Peu après l'entrée en guerre du Congo belge, les ministères des Colonies et des Affaires étrangères, alors en exil, réfléchissent aux acquis que la Belgique pourrait tirer de son implication militaire en Afrique. L'objectif est alors de conquérir des territoires voisins d'Afrique-Orientale allemande afin de les échanger, lors des négociations d'après-guerre, contre des territoires situés le long de l'Océan atlantique. Pourtant, en 1919, la Belgique ne se voit qu'attribuer un mandat sur le Ruanda et l'Urundi. Que s'est-il passé pour que ses ambitions aient ainsi été revues à la baisse? Au Ruanda, la sortie de guerre est marquée par une occupation militaire de plusieurs années, puis par la mise en place d'un système d'administration présenté comme indirect, mais en réalité fortement influencé par le modèle colonial du Congo belge. Les autorités locales y subissent des changements d'affectation, voire sont écartées de l'exercice du pouvoir. De nouveaux types d'obligations et de corvées en travail et en nature sont imposés aux populations, l'ensemble débouchant sur une colonisation bien plus prégnante que celle des prédécesseurs allemands.