Il y a 75 ans - Le retour des premiers prisonniers de guerre
Lundi 26 mars 1945 - En ce lundi matin, une foule dense se presse à la gare du Midi à Bruxelles. C’est l’heure du retour des premiers prisonniers de guerre belges libérés par les troupes soviétiques en Prusse orientale.
Ces hommes ont été privés de leur liberté il y a près de cinq ans, lors de la campagne des 18 jours. En septembre 1940, entre 225.000 Belges sont prisonniers de guerre en Allemagne. Mais dès le 14 juillet, un décret d’Hitler a enjoint de favoriser les Flamands et de n’accorder aucune faveur aux Wallons. En conséquence, les prisonniers de guerre flamands – et tous ceux qui réussissent à se faire passer comme tels – vont être libérés. Ces libérations s’échelonnent d’août 1940 à mars 1941. Les Wallons, eux, restent en captivité. En mars 1941, 130.833 prisonniers flamands sont rentrés. Reste alors détenus 82.136 prisonniers de guerre dont 5.459 officiers, presque tous francophones. Des libérations (12960) s’effectueront au compte-gouttes pour des raisons médicales. Des prisonniers réussiront aussi à s’évader (770 évasions réussies). D’autres décèdent en captivité : 1.679 cas enregistrés.
Pour de nombreuses familles, ce sont cinq longues années d’attente, d’espoir. Certains ne restent pas les bras croisés : dès l’automne 1940, des manifestations ont lieu pour demander la libération des prisonniers de guerre. Au printemps 1942, un vaste pétitionnement est organisé dans l’ensemble de la Wallonie pour réclamer leur remise en liberté. Sur place, pour les prisonniers, des conditions de vie et d’hébergement souvent difficiles ; les soldats sont notamment astreints au travail y compris dans l’industrie de guerre, ce qui est contraire aux dispositions des Conventions de Genève.
C’est dire si ce 26 mars est un jour heureux. Sur le quai, ils sont nombreux et particulièrement émus ceux qui attendent le train qui arrive de Paris. A son bord, les trente-cinq premiers prisonniers de guerre belges rapatriés. Le périple du retour les a d’abord conduits à Odessa, puis la traversée de la mer Noire, le Bosphore, direction Marseille. La musique des grenadiers est également présente de même que les ministres de la Défense et des Victimes de guerre. Au même moment, la plupart des stalags et des oflags ont été évacués. Pour certains débutent alors de longues marches. Les prisonniers libérés vont être pris en charge par les armées britanniques, américaines ou soviétiques et progressivement rapatriés. L’immense majorité est libérée à la mi-septembre 1945.
Chantal Kesteloot