Il y a 75 ans - Le sauvetage des cloches

En 1945, le dimanche de Pâques tombait un 1er avril ! Depuis, cela n’est plus arrivé qu'à deux reprises (en 1956 et en 2018) ….
En ce dimanche 1er avril 1945, les cloches qui, selon une vieille légende, sont censées revenir de Rome, n’ont pas sonné partout à travers le pays …

Et pour cause: durant l'occupation, une grande partie d’entre-elles ont été réquisitionnées par l’occupant pour pourvoir aux besoins de métaux. Certaines reviendront mais d'autres pas. Leur enlèvement s’est effectué de façon méthodique. Elles ont été acheminées vers l’Allemagne (Hambourg) par train ou par bateau. Très vite cependant, des opérations de résistance et de sauvetage de ce patrimoine voient le jour au mépris du danger : des curés et des civils dépendent eux-mêmes les cloches et les enterrent soit dans les cimetières voisins, soit sous le pavement même des églises. Des cheminots contribuent, eux aussi, à sauver des cloches déjà saisies. Durant la Première Guerre mondiale déjà, les cloches avaient été confisquées par l'occupant.
 

Parallèlement à ces actions de résistance, l'épiscopat belge fait lire un message de protestation dans toutes les églises du pays le dimanche 21 mars 1943. Deux mois plus tard, une Commission interdépartementale pour la sauvegarde des cloches est créée sous l'égide du Ministère de l'Instruction publique (Moniteur belge 18 mai 1943). Elle se compose de scientifiques et de hauts fonctionnaires sous la houlette de Joseph de BEER, conservateur de musée. Après discussion avec les autorités allemandes, les cloches sont divisées en quatre catégories selon leur ancienneté. Ce classement permettra d’éviter la ‘confiscation’ de bon nombre d’entre elles. La Commission fera tout ce qui est en son pouvoir pour que ce patrimoine soit précisément identifié et puisse, si possible, rejoindre son emplacement d’origine après la guerre. Le rapatriement des cloches qui n’ont pas été fondues (une minorité) se fera de l’automne 1944 pour celles qui étaient encore entreposées à l'île Monsin dans les environs de Liège à la fin de l’année 1945 pour celles qui étaient en Allemagne. Les retours sont l’occasion de nombreuses festivités locales à travers toute la Belgique.